A QUOI SERVENT NOS COTISATIONS SYNDICALES ?
Pour les nouveaux lecteurs : texte fondateur
« Milleuros » est né du refus de la prise en charge des frais d’avocat par le syndicat de Paris 12 dans le cadre de la procédure en annulation des élections du personnel au sein du CE SNCF Clientèles. Cotisants à la CGT depuis de nombreuses années, il aurait été légitime que la CGT prenne en charge ces frais.
Défendre les adhérents, pas les patrons !
Ce refus arbitraire est contraire au principe qui veut que les cotisations des syndiqués servent à les défendre lorsqu'ils en ont besoin, surtout en cas de conflit avec leur employeur.
Un joli bas de laine... pour quoi faire ?
Ce principe de base du syndicalisme est remis en cause par le syndicat CGT de Paris 12 alors que les finances du syndicat sont florissantes. Lors du dernier congrès de Paris 12, le 6 mars 2007, il y avait 16000 euros dans les caisses et les 1000 euros d'honoraires de notre recours victorieux ne risquaient pas de remettre en cause la pérennité du syndicat... Souhaitons que cette somme ne se "volatilise pas" comme cela a pu arriver dans des structures CGT des Directions Centrales, sans que les syndiqués de base aient pu savoir où était passé leur argent...
Nous avons donc été contraints de "faire la manche" comme l'ont dit, élégamment, nos employeurs CGT du CE Clientèles dans leur glorieux communiqué... formule injurieuse pour les syndiqués CGT du CE mais aussi pour tous ceux qui ont fait oeuvre de solidarité.
Financement des syndicats
Cette entorse grave aux principes de base du syndicalisme (les adhérents paient des cotisations qui servent à LES défendre) nous renvoie au financement des syndicats. Force est de constater que ce sont les seules organisations reconnues par l’Etat qui n’ont pas de comptes à rendre publiquement ni même obligation de présenter une comptabilité. En interne, la transparence fait aussi défaut comme nous l'avons déjà évoqué. Ainsi si vous êtes amenés au cours d’une assemblée ou d’un congrès à demander des comptes, les dirigeants de ces syndicats vous envoient tranquillement promener !
Pompes à phynances…
Une autre source de financement est la "pompe à phynances" que représentent les dotations sociales perçues par les Comités d'entreprise en général et les comités d'établissement de la SNCF en particulier. L'attitude du secteur CE/CCE de la Fédération CGT des Cheminots dans ce qui se passe au sein du CE Clientèles montre que sa principale préoccupation ne concerne pas la mise en oeuvre des orientations de la CGT en matière d'activités sociales. L’objectif premier vise à récupérer via les "prestataires amis" (entre autres) la plus grande part possible de dotation sociale...
... et évaporation !
La transparence financière n’est donc pas le propre des organisations syndicales, y compris vis à vis de leurs propres adhérents. La mise en oeuvre de méthodes autoritaires, d'un pouvoir absolu se justifient par la maîtrise et l’opacité du financement. Avec ce système opaque, personne, et surtout pas le syndiqué de base ne peut avoir de certitudes sur la destination finale de ses cotisations. Si encore, elles sont utiles au fonctionnement et à l'activité de la CGT, tant mieux. Mais, sur ce point également, l'absence de transparence à tous les niveaux peut laisser craindre une "évaporation" extra-syndicale...
Cooptations ciblées
Un système pyramidal explique parfois l’allégeance aveugle de certains syndiqués (et donc de syndicats...) aux fédérations nationales. Les responsables d’un niveau sont toujours choisis par le niveau supérieur et jamais par les adhérents : on monte à la Fédé, non pas sur le choix des adhérents mais après avoir été coopté par les niveaux supérieurs sur des critères d'appartenance à la CGT mais aussi à des organisations (une ?) extérieures à la CGT...
La non reconnaissance de notre section syndicale et la volonté d'élimination de nombreux camarades "cheminots" ressortent de cette logique absurde et suicidaire.
Cotise et tais toi !
Les adhérents sont seulement là pour cotiser, sans la ramener, et ratifier la cooptation, sans jamais intervenir réellement dans les mises en place des minorités dirigeantes. Dans notre cas, la force a été utilisée au cours du congrès de Paris 12 (voir un congrès d'anthologie) avec les dérapages ignominieux, déjà évoqués, dans le domaine professionnel.
Bullocrates !
Bien sûr, trop souvent ces dirigeants parlent de démocratie sociale pour camoufler ce système de cooptation, de parrainage, de népotisme. Ils font partie d’une manière ou d’une autre de cette « bullocratie » qui nie le besoin des militants de la base à plus de démocratie, de transparence. Ils sont dans l’impunité puisque rien ni personne ne peut les contraindre à rendre des comptes sur leur financement et leur organisation ! Le constat est navrant et explique, en partie le déclin du syndicalisme et la stagnation de la CGT.
La France détient le taux le plus bas de syndicalisation de l'Europe de l'ouest et l’érosion risque de continuer si ces méthodes ne changent pas et si les syndiqués n’ont pas l’assurance d’être défendus et pris en charge par les syndicats en cas de conflit avec leurs employeurs.
A quand ?
A quand la rénovation de ces organisations ?
A quand l’élection des dirigeants par le suffrage de tous les adhérents ?
A quand la transparence des finances ?
A quand le non renouvellement et le non cumul des mandats (beaucoup font carrière dans les syndicats)
A quand le renouvellement des équipes dirigeantes des fédérations et confédérations syndicales dans la diversité
(salariés du privé, femmes, minorités visibles ...) ?
Nous sommes en phase avec la CGT, avec ses orientations, ses revendications, ses valeurs. Par contre, nous n'accepterons plus les pratiques dégradantes et indignes que nous avons subies et qui font le jeu, à terme, du patronat.
Comme la division de la gauche a fait le jeu de Sarkozy et de sa clique...
Il fallait que cela soit dit !