RESTAURATION : DERAPAGES SUR APPEL D'OFFRES !
Pour les nouveaux lecteurs : texte initial
La restauration collective est une activité sociale prise en charge par les Comités d’Etablissement de la SNCF. L’objectif est de fournir aux ressortissants « cheminots » l’accès à un repas équilibré et complet à un prix raisonnable en subventionnant une partie du prix du repas.
Orientations fédérales
Les orientations de la Fédération CGT des Cheminots, privilégient la gestion intégrée par les Comités d’établissement des «cantines ». Pour cela, des « partenariats » existent avec des entreprises « amies » avec lesquelles il est de « bon ton » de travailler.
Le secteur CE/CCE de la Fédération CGT des Cheminots le rappelle régulièrement aux secrétaires des Comités d’établissement lorsque ceux-ci envisagent d’évoluer en matière de restauration.
Sus aux "marchands de soupe"
La Fédération critique vertement les « marchands de soupe » (comme elle les appelle) que représenteraient les grands groupes de la restauration collective. Cela n’empêche pas que le restaurant des Fédérations et de la Confédération CGT, à Montreuil, soit géré par un de ces « marchands de soupe » tellement critiqué par ailleurs… La contradiction dans le cas présent n’est qu’apparente puisque le principal et quasiment seul critère de choix du prestataire, dans le cas présent, c’est le montant de l’enveloppe qu’il est prêt à verser pour la (ou les) cause.
Touchés par la grâce
La nouvelle direction CGT du CE Clientèles, touchée par la grâce fédérale orthodoxe, a décidé de procéder à un appel d’offres pour assurer la gestion des deux restaurants d’entreprise dont le CE a la charge à Paris-Traversière et à Vitry.
Jusqu’ici, ces contrats d’assistance technique (le gérant appartient à la société de restauration mais les salariés sont ceux du Comité d’établissement) étaient assurés par la société E….T.
Les véritables raisons
Depuis plus d’un an, la nouvelle équipe d’élus CGT ne s’implique plus dans la gestion quotidienne des restaurants. La qualité des prestations s’est, fort logiquement, dégradée, l’absence de pilotage et de contrôle, générant un relâchement de la motivation du personnel et du prestataire. C’est ce qu’a confirmé une enquête de satisfaction réalisée auprès des convives à la fin de l’année 2006.
Trouvant là un bon prétexte, les élus CGT du CE, en ont profité pour lancer un appel d’offres et ont eu recours, pour le préparer, à un cabinet spécialisé.
Si la mise en concurrence n’a en soit rien de choquant (même si la CGT la refuse par ailleurs au niveau du ferroviaire !) les principales raisons de cet appel d’offres sont tout autres :
- 1/ le refus des nouveaux élus de s’impliquer dans la gestion quotidienne : quel que soit le type de contrat liant le CE au prestataire de restauration, une intervention régulière des élus est indispensable. C’est ce que ne font pas les responsables CGT du CE Clientèles, plus habitués à philosopher sur le « sexe des anges » qu’à mettre les mains dans le « cambouis du quotidien ». Il est à noter que cette attitude est encouragée par le secteur CE/CCE de la Fédé : moins les élus comprennent ce qui se passe et plus la « porosité financière » est facile à organiser !
- 2/ l’acharnement de la Direction du CE (secrétaire, élus CGT du syndicat de Paris 12 et directrice) à prouver que le poste de l’assistante de la Directrice n’est plus nécessaire : l’audit réalisé au sein du CE Clientèles (voir audit bidon) qui a conclu à la suppression de son poste ne dit pas un mot sur la dimension « contrôle de la restauration et des procédures » de son poste qui avait permis, au cours de l’exercice précédent, d’améliorer de manière très significative le compte d’exploitation des restaurants. Rappelons que la décision de suppression de son poste ne relève pas du domaine professionnel mais du conflit interne au syndicat CGT de Paris 12 (voir texte initial)
- 3/ la volonté de confier la gestion des restaurants à une entreprise « amie », très certainement recommandée par le secteur CE/CCE de la Fédération CGT des Cheminots pour bénéficier, ultérieurement d’un « retour sur investissement ».
Magouilles et favoritisme
Concernant ce dernier point, la gestion de l’appel d’offres par la secrétaire et la directrice du CE et les conditions de choix du prestataire par la secrétaire du CE, apportent un éclairage particulier.
Les infos que nous publions ci-après sont parfaitement vérifiables et ont été évoquées lors de la réunion plénière du CE Clientèles du mois de juin 2007.
- avril/mai 2007 : un cabinet conseil « ami » établit un cahier des charges en vue de l’appel d’offres « restauration »
- 4 juin 2007 : 4 prestataires ont répondu (2 grands groupes et 2 PME considérées comme amies)
- 11 juin 2007 : le cabinet conseil présente la restitution des offres et propose un classement. Trois sociétés ont des offres proches, la quatrième se trouvant largement distancée, en terme de coût, du peu de sérieux apparent et des insuffisances relevées dans le dossier technique. Malgré cela, la secrétaire a exigé de rencontrer à nouveau les 4 prestataires contre l’avis des autres membres non CGT du bureau !
- 13 juin 2007 : la secrétaire fait parvenir un mail aux membres du bureau du CE pour les informer que le prestataire classé dernier, la société M.S, sollicité par ses soins et par la Directrice, par téléphone, avait revu sa proposition et était devenu, subitement, le mieux-disant !
- 14 juin 2007 : les prestataires sont à nouveau entendus. Le représentant du cabinet conseil se fait porter pâle (il avait pourtant touché la totalité de ses émoluments), certainement mis au courant du choix réalisé par la secrétaire du CE, il refuse de le cautionner.
- 15 juin 2007 : le prestataire M.S, classé initialement dernier, fait parvenir des éléments chiffrés, actualisés, conformément à ce qu’avait annoncé la secrétaire dans son mail du 13 juin
- 26 juin 2007 : au cours du CE, les élus CFDT et UNSA s’opposent à cette manière de procéder et évoquent un « délit d ‘entente » au cours du dépouillement de l’appel d’offres. A la suite d’un débat animé, la proposition de la secrétaire n’obtient pas de majorité. Elle décide toutefois de « passer en force » en imposant SON prestataire. A la suite de ce diktat, des élus menacent de porter l’affaire devant la justice (ce qu’ils ne feront finalement pas).
Préoccupation "sociale" subite
Il est savoureux (en matière de restauration, c'est normal !) de noter que, comme argument ultime, censé emporter l’adhésion des élus, la secrétaire a évoqué pour dénigrer un des deux « marchands de soupe » qui se trouvait être le mieux disant : « les conditions de travail d’A……e et le traitement de leurs salariés nous inquiètent. Un tract de la CFDT A……e évoqué un traitement du personnel exécrable ainsi que des pratiques consistant à présenter des offres intéressantes puis à revenir dessus le mois suivant ».
Cet argument ultime, asséné avec vigueur par l’orthodoxe secrétaire du CE Clientèles est à apprécier à sa juste valeur lorsque l’on sait comment elle traite, elle-même, les salariés du Comité d’établissement Clientèles dont elle est l’employeur (une réunion de DP ordinaire, Dialogue "social" au sein du CE Clientèles, Audit bidon au CE Clientèles, élections truquées, etc).
Et une incohérence de plus !
D’autre part, dommage que cette préoccupation « sociale » ne soit pas généralisée au sein de la CGT puisque le prestataire dénigré par la CGT au CE Clientèles (A……e) vient d’être choisi pour gérer le restaurant des Fédérations et de la Confédération à Montreuil !
Toujours la paille et la poutre ou « comment mettre un mouchoir sur la morale et son amour-propre ! »
Des comptes à surveiller
Toujours est-il qu’à l’issue d’une procédure entachée d’irrégularités, voire d’illégalité, le nouveau prestataire entrera en fonction début septembre. Pour quel résultat ? Seuls les comptes de la restauration nous le diront prochainement, sans parler de la qualité de la prestation fournie aux convives.
De telles pratiques décrédibilisent les tenants de l’économie sociale. Cela montre également que le respect des orientations de la CGT n’est qu’un affichage et que la véritable préoccupation de certains de ses représentants est uniquement financière (comment récupérer un maximum de dotation sociale attribuée aux CE ?)…
Où passe la dotation sociale ?
Les conditions de choix de ce nouveau prestataire amènent aussi un éclairage nouveau sur certains déficits abyssaux creusés en très peu de temps dans certains comités d’établissement (le plus souvent comblés, in fine, par la SNCF). Si prochainement, le déficit de la restauration devient très important au CE Clientèles, nous devrons nous interroger sur la destination finale de la dotation sociale des cheminots qui aura été ainsi engloutie…
A suivre…